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A TRAVERS L'EXPERIENCE

CHERCHER

Questionner le paysage, sa construction, ses pratiques, sa représentation, ses outils ... 

EXPERIENCES DE JARDIN

NOTRE VISION DE L'ACTION: MULTIPLE

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Action : « Fait, faculté d’agir, de manifester sa volonté en accomplissant quelque chose (par opposition à la pensée, à la réflexion) Ce que l’on fait, manifestation d’une volonté d’un groupe, de quelqu’un, acte».(Le petit Larousse illustré, 1994)

 

La volonté exprime un désir, une envie, une force mentale. La volonté est la base de tout projet.


L’action inclus un geste. Le geste est un « Mouvement du corps, principalement de la main, des bras, de la tête, porteur ou non de signification. ». Ce qui engage l’homme, son corps à participer par la pensée ou par la pratique à un objectif. Le geste est le point de départ de l’action.
« Dans le geste, une attitude se trahit et s’exprime en prenant la forme d’une action » (Jean marc Besse, du jardin au jardinage, la ruse du paysagiste.).


Qu’apporte l’action chez un paysagiste ? Quels sens donner à cette démarche ?


Agir part d’un geste, d’un acte. Outre une manière de s’approprier les lieux, il naît d’une envie de faire, de se confronter au terrain. Agir, c’est être acteur, c’est prendre une part déterminante dans une action. Agir seul ou en groupe. Seul, on pose sa personnalité, son envie. A plusieurs, on projette, on voit plus loin. Ce n’est pas la même force d’action.


Agir, un simple geste pour entretenir un état. C’est une action répétitive, redondante qui s’effectue à des périodes égales, au même endroit. Entretenir, c’est conduire, diriger ce vers quoi on tend à devenir. Un espace entretenu est occupé progressivement dans le temps. Au fur et a mesure, entretenir permet de suivre un processus. Je me positionne en tant qu’accompagnateur.

Agir permet d’apprendre. « C’est en faisant qu’on apprend ». C’est une pédagogie de l’esprit et du corps qui se construit au fur et à mesure de la pratique. Cela fait fonctionner la mémoire visuelle et gestuelle. Il est, pour moi, plus facile de retenir ce que je voit et de le retranscrire par la suite. « Il suffit de voir faire pour pouvoir refaire. ». La pratique concerne un public beaucoup plus large que la théorie. « La pédagogie par la pratique, c’est ludique. ». Je me positionne comme « récepteur de savoir ».


Agir permet de poser son regard. C’est une action intuitive. Chaque expérience est propre à chacun, en fonction de ses acquis, ses envies... et révèle son ressenti, sa pensée. C’est l’interprétation d’une donnée qui est retranscrite sur un terrain donné. Laisser sa trace personnelle, son savoir faire, son bagage. C’est une façon de s’approprier un lieu. Les parcelles étudiantes au potager du roi sont un bon exemple d’appropriation individuelle de l’espace. En Allemagne, ce sont les friches urbaines qui sont jardinées par les habitant. L’envie de voir évoluer son œuvre fait aussi partie de cet état d’esprit.


Agir devient scientifique quand pratiquer, faire des relevés sur place (herbier, échantillons...), permet de comprendre les enjeux du terrain. Ce temps s’inscrit dans une durée plus longue que l’action. A différents moments, je vais observer, noter, dessiner, mesurer. Dans ce cas, je me positionne comme chercheur. C’est l’attitude même du paysagiste dans ses débuts d’investigation.


Agir pour se construire un dessein, projeter. C’est l’imagination progressive : le projet s’imagine et se pense au fur et à mesure que l’on pratique. Agir n’est plus qu’un acte, c’est une investigation qui permet de passer progressivement d’un état de questionnement à un état de réflexion, jusqu’à la création. Je pense que la pratique du lieu (et la réflexion qu’elle suscite) aboutit au projet de paysage.


Pour résumer, le paysagiste peut être à la fois, Observateur, acteur, chercheur, accompagnateur, projeteur...Cette démarche active me permet de cheminer dans le processus de projet.
Le temps est présent à chacune de ces étapes.
C’est lui qui va créer le rythme de l’élaboration du projet.

« Je suis intuitif, beaucoup moins soumis à sa raison qu’aux impulsions de son subconscient, un survivant d’une race d’artisans aux instincts constructifs formés par des millénaires d’isolement dans des conditions de vie particulièrement dures.
Il faut, bien entendu que l’intuition soit contrôlée par l’expérience. Mais quand elle se trouve en contradiction avec le résultat d’un calcul, je fais refaire le calcul, et mes collaborateurs assurent que, en fin de compte, c’est toujours le calcul qui a tort.
Je tiens que, privée de l’expérience, la déduction mathématique n’est qu’une source d’erreurs, d’autant plus dangereuse qu’elle est pleine d’attraits. »

                         Eugène Freyssinet, ingénieur des ponts et chaussées.

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« La réalité toute entière tient dans l’expérience. Uniquement. Sans jardinage, le jardin n’existe pas. »

    Gilles Clément

LA DEMARCHE SE CONSTRUIT AUTOUR DE CINQ TERMES

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Le laboratoire : (du latin laborare :travailler) «local disposé pour faire des recherches scientifiques, des analyses biologiques, des essais industriels, des travaux photographiques... ».Mais aussi, « Ensemble de chercheurs effectuant sur un lieu donné un programme de recherches ». Ce qui prévaut, c’est l’idée de travail, on peut donc appliquer ce terme à l’étude.
Dans le Laboratoire, j’imagine du monde, beaucoup de monde qui réfléchit sur une ou plusieurs thématiques. Je vois des chercheurs, en blouse blanche, enfermés dans une salle, blanche elle aussi. J’imagine des fioles, des tubes, de la fumée...je vais jusqu’à imaginer l’aspect des chercheurs, avec des lunettes, le regard concentré. Je les vois faire des expériences. Ils mélangent le contenu d’un tube avec celui d’un autre, ils le mélangent dans une centrifugeuse, observent l’effet de leur concoction, notent sur un carnet ce qu’ils ont pu observer. Ils cherchent. Et enfin, un beau jour, ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient. Bien souvent, ils n’imaginent pas la façon dont ils ont trouvé. Bien souvent, le hasard fait bien les choses. Le protocole se définit au fur et à mesure de la pratique.


La friche : D’une première définition, on lit : « Terrain non cultivé et abandonné ». Dans un autre ouvrage, la friche est « un processus naturel de transformation des espaces. »(Des mots de jardin et de paysage, P. Donadieu).
Il y a un paradoxe dans ces deux définitions par le fait que d’un coté, ce qui est valorisé, c’est l’inertie, alors que ce qui semble prévaloir dans la deuxième définition c’est une dynamique de transformation. La disparition de l’action anthropique favorise une dynamique de transformation. Si ce n’est plus l’homme qui la transforme, c’est la nature qui s’en chargera. Buffon défini bien le processus qui s’anime : « Jusqu’à ce qu’étant abandonnés à cause de leur stérilité, les terres épuisées puissent reprendre, sous la forme de friche, les apports de l’air et des eaux, le limon des rosées et des pluies et les autres cours de la nature bienfaisante qui toujours travaille à rétablir ce que l’homme ne cesse de détruire ». La friche est donc le lieu où la nature, transformée pendant un temps par l’homme, reprend alors ses droits. C’est le laisser faire, un laisser faire que nous allons exploiter.


La transformation : « Action de transformer ». (Du latin Trans, au-delà de, et formare : former.) « Passage d’une forme à une autre. Désigne une modification, un changement. » La transformation est générée par quelqu’un, ou par quelque chose. Le processus de transformation, une fois engagé, est autonome. La transformation a besoin de temps pour être effective. Elle fait appel à la notion d’évolution, qui est une « transformation graduelle et continuelle. » ou un «Ensemble des changements subis au cours des temps géologiques par les lignées végétales et animales, ayant eu pour résultat l’apparition de formes nouvelles ». On retrouve le processus de transformation. C’est le temps, combiné à la transformation qui défini l’évolution. L’évolution laisse des traces de transformation. L’évolution est lente et progressive. Il y a des choses qui disparaissent, d’autres qui apparaissent. Le projet de paysage est basé sur l’évolution d’un espace, qui se transformera avec le temps. Cette transformation est spatiale et mentale. Le paysage ne se transforme pas tout seul, il est le résultat de ses acteurs.
C’est un phénomène qu’il faut engager.


L’expérience : « Essais effectués pour étudier un phénomène » mais aussi « longue période jointe à l’observation ».
L’expérience est d’abord intuitive, elle évoque une action. Elle est validée par le temps, comme la transformation. L’observation traduit un rôle scientifique. Elle est le contraire de l’introspection. C’est une « action d’éprouver, d’avoir éprouvé ». Et l’épreuve induit le « ressenti de l’être», mais aussi « une valeur reconnue ». Elle ne se fait pas toute seule, il faut être acteur pour faire des expériences. L’expérience permet d’évoluer car elle permet de tirer des conclusions. En cherchant la définition d’action, on trouve « faire quelque chose, opérer un effet ».

 

Agir, c’est transformer ?


L’expérience est contraire à la passivité, contraire à la friche. Projeter, c’est de l’expérience, car on ne connaît pas le résultat.
L’expérience ne vient jamais seule.
Synonymes : Essai, test, tentative.

Ces définitions mettent en valeur la nécessité d’éprouver l’expérience par l’action. Le paysagiste est acteur. D’autre part l’expérience appelle à être validée par le temps, ce qui entre pleinement dans la démarche. Finalement, il s’agit d’en tirer des résultats.

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Jardiner (-age) : Le jardinage est un art, comme l’ébéniste, ou le menuisier. C’est une spécialité propre aux jardins. Le verbe jardiner veut définir « une action d’entretenir », ce qui contraint le lieu à la répétition d’un geste. Le jardinier a besoin de temps pour voir évoluer ses actions. Actuellement, on ne jardine plus seulement pour vivre mais aussi pour l’agrément. Jardiner permet de penser, comme l’expérience ?

 

Jardiner, c’est aussi une manière de s’approprier un site, de l’habiter. Pour pouvoir aller plus loin, la définition de jardinage propose « sur son versant non productif, le jardinage possède en propre la capacité de dépenser de l’énergie pour satisfaire le plaisir des sens et de l’esprit ». Ces deux définitions rejoignent celles de l’expérience. En effet, on retrouve les termes « d’action », et celui de « sens ».

Peut-on redéfinir l’expérience, qui deviendrai alors « agir par les sens » ? Le jardinage est donc une expérience ? Est-ce que l’action sur un terrain donné peut avoir une répercussion à une plus grande échelle ?

 

Au terme de cette investigation, nous avons vu comment jardiner, et jardiner une friche, relevé de l’expérience scientifique. Avec Gilles Clément, dans « Manifeste du tiers paysage », nous pouvons donc affirmer que « La réalité toute entière tient dans l’expérience. Uniquement. Sans jardinage, le jardin n’existe pas. »Cette expérience atypique, beaucoup l’expérimentent en faisant du jardinage un agrément. On se place ici du coté du plaisir, des sens en attente d’un résultat. La particularité de cette expérience, c’est que jardiner permet d’assainir et d’avoir des impacts à plus grande échelle.

 

Definitions:Le petit Larousse illustré, 1994

L'ABANDON, TEMPS DE PROJET

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Jardiner la friche, temps de composition
Venir accompagner le processus de recolonisation naturelle permet d’orienter un nouveau dessein. Par des actions ponctuelles, ciblées et efficaces, la friche devient jardin, et le jardin devient paysage.
Il s’agit de venir modifier un territoire que le temps va faire évoluer, puis revenir sur ce même espace, une fois que le temps a produit son effet.


- L’abandon, temps de transformation
Abandonner un jardin entraîne une évolution naturelle de l’espace. C’est la définition même de la friche. L’abandon est le passage d’un état d’occupation à un état de désertion. Sur une friche, c’est une nouvelle dynamique qui envahit et occupe l’espace dans le temps : une transformation progressive sans intervention humaine.


- Observer, mesure de l’évolution dans le temps
Observer l’évolution de cette dynamique naturelle, c’est comprendre ses processus, ses qualités et ses défauts et mesurer les cycles, les réactions, la transformation, le changement.

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